"L'Haïtien est né déplacé. Déplacé il demeure. Et ne peut craindre ou rêver que de nouveaux transferts, de migrations forcées ou mythiques".
Christophe Wargny, Haïti n'existe pas, autrement Frontières, 2010.

mardi 29 mars 2011

Mission Haïti: Frequently Asked Questions!

Bonjou tout moun!

L'étendue de mon créole s'arrêtant là (mais j'ai de grands espoirs que ça s'améliore vite), je vais continuer en français.

Vous le savez, je pars pour une mission en Haïti dimanche et ce pour une durée d'un an, avec un petit break français en septembre normalement.

Mais quelle mission en Haïti et que vais-je donc faire sur cette île des Caraïbes, à 7 327.1 km (dixit le site distancefromto) de mes proches et de mon pays?

Pour répondre à cette question, Cindy, ma "tutrice", salariée du Collectif Haïti de France, m'a posé quelques questions, dont les réponses, je l'espère, vous apporteront quelques éclaircissements sur l'objet de ma mission ainsi que les raisons qui m'ont poussées à entreprendre cette formidable aventure.

En guise d'introduction, je voudrais préciser que cette mission est organisée dans le cadre de l'Agence du Service civique, qu'elle s'effectuera sous la co-tutelle du Collectif Haïti de France (CHF) et du GISTI dans une association haïtienne, le Groupe d'Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR).

Cindy, CHF: Alors Anne racontes nous quel est ton parcours?

Anne: J'ai fait des études de droit et me suis spécialisée en droit international. Suis partie un an et demi en Allemagne, ce qui m'a donné l'envie du voyage et de la découverte. En 2007, au cours d'un stage à la Ligue des Droits de l'Homme, j'ai découvert le droit des étrangers , qui a été une sorte de révélation et est devenue une vraie vocation. 
Ensuite, je suis partie en Afrique, pendant une année durant laquelle j'ai fait de la sensibilisation au VIH-SIDA dans 4 pays (Sénagal, Mali, Burkina, Tanzanie) par le biais du théâtre de rue auprès de communautés rurales. 
L'expérience que j'ai vécu là-bas m'a conforté dans l'idée que j'avais envie d'essayer de mettre  un jour à profit les quelques compétences et connaissances en droit, dans d'autres pays que le mien. Au retour j'ai intégré un Master 2 'Droits de l'Homme et Droit international humanitaire' à Paris ASSAS, espérant que cette formation m'ouvrirait la porte vers de vastes horizons. J'ai effectué deux stages de fin d'études, le premier au Groupe d'Information et de Soutien aux Immigrés (GISTI) et le deuxième au service réfugiés d'Amnesty International France.Ces deux expériences m'ont permis de vraiment me spécialiser sur les problématiques liées à la migration.

CHF: 2. Aujourd'hui alors pourquoi partir dans le cadre de ce volontariat ? Pourquoi Haïti?

A: Dans le cadre de mon stage au GISTI, j'ai été confronté au problème que peuvent rencontrer les haïtiens de France dans leurs démarches de régularisation ou pour faire venir leur famille restée en Haïti. Je me suis rendue compte que les obstacles majeurs que l'on opposait aux haïtiens étaient liés à la remise en cause de l'authenticité de leurs documents d'état-civil. J
Lorsque je me suis penchée un peu plus sur les exigences françaises en terme d'état-civil pour les haïtiens, je me suis rendue compte à quel point elles pouvaient être démesurées mais surtout aberrantes, dans un contexte post-séisme. 
La chose la plus marquante que je garde en tête est que ces exigences d'état civil,  irréalisables pour un certain nombre d'haïtiens en France souhaitant faire venir leur famille, engendraient des situations familiales catastrophiques, avec des enfants se retrouvant seuls suite au décès du parent qui s'occupait d'eux, dans les conditions que l'on connait.

C'est à l'occasion de ce travail sur les exigences notamment de l'ambassade de France Haïti en matière d'état civil que j'ai rencontré Emeline et Cindy, qui revenaient d'une mission en Haïti pour le Collectif Haïti de France. Cela m'a permis de découvrir les problèmes structurels de l'établissement de l'état civil en Haïti et d'apprendre que le Collectif souhaitait envoyer un volontaire dans le courant de l'année 2011 pour traiter, entre autre, de ce problème.

CHF: Quel sera l’objet de ta mission ?

A: Le dysfonctionnement de l'état civil haïtien n'est pas une chose nouvelle. Il est lié à des problèmes structurels mais aussi sociologiques. Les gens n'ont pas nécessairement conscience de l'importance et des enjeux du droit à l'identité, du droit d'exister aux yeux de l'Administration, c'est pourquoi il est important d'essayer de le leur montrer.

Les objectifs fixés à ce jour concernent la sensibilisation de la population haïtienne, et plus particulièrement celle en lien avec la France, à l'importance du droit à l'identité et l'explication des procédures qui existent en Haïti pour obtenir cette identité. 
Un autre objectif serait de mieux faire connaître notamment à mon d'association d'accueil, le GARR, la situation des haïtiens vivants en territoire français, la métropole ou les territoire d'Amérique. 
Enfin il s'agira de faire de l'accompagnement juridique notamment pour des personnes en attente de regroupement familial et de visas et d'envisager une systématisation de cette aide juridique.

CHF:  Peux-tu me parler des deux associations qui t’envoient et de celle qui t'accueille ?

A: Le GISTI est une association française qui œuvre pour les droits des étranges en France depuis une trentaine d'année. 
Le Collectif Hait de France est une plateforme d'associations franco-haitiennes dont les deux grands axes de plaidoyer sont la souveraineté alimentaire en Haïti et les problématiques liées à la migration des Haïtiens.
 Le GARR est également une plateforme d'ONG et d'association qui travaille sur la problématique de la migration et qui concentre ses actions sur la République Dominicaine, du fait de la situation très particulière des migrants haïtiens dans ce pays.

CHF: Comment imagines-tu ton quotidien là-bas en Haïti ? Quelles images as-tu du pays?

A: J'ai essayé de ne pas trop regarder de reportages vidéos sur Haïti après le séisme depuis que je sais que je vais y effectuer une mission. Je préférais me faire ma propre image de ce qu'est Port-au-prince, sans qu'elle soit biaisée par les médias. Mais j'ai lu quelques livres et malgré tout l'idée du séisme me laisse imaginer un pays dévasté avec une population qui semble cumuler tous les problèmes de la terre: des dirigeants dont les ambitions ne semblent pas concentrées sur l'amélioration des conditions de vie des gens, des conditions naturelles lourdes de conséquences ... Mais je m'imagine une population très chaleureuse, accueillante, heureuse de vivre malgré tout et peut-être même plus que nous qui avons des conditions de vie optimales.

J'avoue n'avoir aucune idée de ce que pourra être mon quotidien là-bas mais je n'ai aucun doute sur le fait qu'il sera rempli de chouettes rencontres, de plein de découvertes, de travail et de noix de coco!

Avant de finir ce tout premier message, je voudrais remercier le Collectif Haïti qui me donne l'opportunité de vivre cette incroyable expérience et plus particulièrement Cindy pour tout le temps et l'énergie consacrés à l'élaboration de cette mission et qui m'a super bien encadrée dans le cadre de la préparation au départ!

 A la prochaine, du côté de Port-au-Prince!

Anne

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