"L'Haïtien est né déplacé. Déplacé il demeure. Et ne peut craindre ou rêver que de nouveaux transferts, de migrations forcées ou mythiques".
Christophe Wargny, Haïti n'existe pas, autrement Frontières, 2010.

mardi 2 août 2011

Destination Aquin 2

Bonjour tout le monde!

Après une bien longue absence, je reviens pour raconter le deuxième épisode de la série des missions d'Aquin. 
Même équipe que la fois passée, Serge et moi comme animateurs de séance, accompagnés d'un chauffeur du GARR et d'un cameraman improvisé, mon petit ami, en visite en Haïti et qui s'est vu attribué le rôle de filmeur de réunions.
En 4 jours, nous avons effectué 6 réunions, dont trois dans les villages où nous étions allés la fois passée. Nous avions dit que nous reviendrions pour confirmer les besoins et difficultés qui avaient été exprimés lors de la première séance et voir si pendant le laps de temps qui nous séparait de la deuxième rencontre, les gens pourraient trouver d'autres témoignages et d'autres informations.
Ces réunions de 'confirmation' se sont vraiment bien passées. Un grand nombre de personnes présentes lors de la première rencontre sont revenues. Pour moi, c'est très positif car cela montre que les gens ont été intéressés par notre proposition et cela m'a grandement soulagée. Car même si les gens s'étaient montrés très participatifs, je ne pouvais pas affirmer à la fin des rencontres qu'ils avaient été touchés par ce que nous essayons de faire. 
Les retours dans les premiers villages étaient donc un challenge pour moi et déterminants de la suite de la mission ou du moins de la façon de la mettre en oeuvre!
Les trois autres rencontres dans de nouveaux villages n'ont pas été aussi fructueuses. Au cours de deux d'entre elles, nous nous sommes rendus compte que la majorité des gens présents étaient là pour essayer d'expliquer leur situation personnelle, dans l'optique que je puisse les conseiller et pas dans l'optique de répondre aux questions de notre enquête. Cela a été assez difficile d'expliquer que matériellement, je ne pouvais pas, sur le moment écouter chaque personne et leur donner des conseils. C'est dommage parce qu'il y avait un grand nombre de personnes qui étaient déjà allées en France, mais nous n'avons pas réussi à ce qu'ils nous racontent la partie de leur histoire qui concerne leur départ d'Haïti.

Nous avons également identifié un problème assez répandu dans la région et auquel il faudrait essayer d'apporter une solution assez rapidement. Il s'agit de personnes nées en territoire étranger mais retournées en Haïti et qui ont un acte de naissance établi à l'étranger. Lorsqu'elles commencent à entamer des démarches administratives, comme l'établissement d'un passeport par exemple, elles se cassent les dents contre les exigences administratives. En effet, ici, pour effectuer un certain nombre de démarches importantes, un extrait d'archives est nécessaire. Il est notamment exigé pour faire une demande de passeport. Le problème pour ces personnes nées à l'étranger est qu'elles ne peuvent obtenir un extrait d'archives puisque celui-ci s'obtient à partir des registres d'actes de naissance établis en Haïti.
Il va donc nous falloir nous pencher sur cette question et explorer s'il existe une procédure pour résoudre le problème.
Parallèlement, maintenant que j'ai obtenu des informations sur les difficultés des gens, il faut que je me penche sur le meilleur moyen de sensibilisation pour leur apporter, de manière utile, les informations dont ils ont besoin. Après une discussion avec Colette, Patrick et Serge nous avons dégagé quelques idées intéressantes: émissions de radio pré-enregistrées, petits spots, groupe de théâtre, BD ou roman-photo.
Maintenant il me faut explorer toutes ces voies et voir comment les mettre en oeuvre. C'est une partie de ma mission vraiment intéressante, parce que même si j'ai déjà une petite expérience dans certaines de ces activités, ce n'est pas tout à fait mon domaine d'activités! On verra comment je m'en sors...!

Une de mes craintes concernant cette phase de la mission est qu'elle soit longue. Ce type d'activités prennent du temps pour se mettre en place et j'ai un peu peur que les personnes rencontrées se désolidarisent si l'on prend trop de temps pour revenir vers elles.
Par ailleurs, nous allons aussi institutionnaliser le partenarait avec Justice et Paix, qui est bien implanté dans la zone. J'ai rencontré un certain nombre d'animateurs locaux dans la région et ce sont des gens vraiment efficaces et qui ont la confiance de la population. Ils m'ont déjà beaucoup aidé dans ma mission donc je pense que c'est une très bonne idée de les impliquer dans le processus, d'autant que ça aidera pour la pérenisation de la mission.

Voilà pour le moment! Le travail avance mais sous un soleil de plomb, car la fin du mois de juillet a vraiment été très chaude! Aujourd'hui on se prépare à l'arrivée de la tempête Emily qui devrait montrer le bout de son nez demain matin.
A la prochaine!

Port-au-Prince, 2:44 PM

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